Qu’est-ce que l’inflation ?

Cet article explique en quoi l'inflation est l'une des variables les plus importantes de l'économie, comment elle est créée et mesurée, et comment se protéger contre une hausse de l'inflation.

Les informations clés

  • L'inflation désigne la hausse des prix des biens et des services au cours d'une période donnée.
  • L'inflation résulte généralement d'une augmentation à court terme des coûts de production ou de la demande de certains biens, ou d'une augmentation à long terme de la masse monétaire.
  • L'inflation a un effet direct sur l'épargne et l'investissement car elle réduit la valeur réelle de l'argent investi et a donc un impact négatif sur les rendements.

1. Principes de base

L'inflation désigne la hausse des prix des biens et des services au cours d'une période donnée. Pour l'année 2021, le taux d'inflation en France était de 1,6 %. Cela signifie que le prix moyen d’un panier au supermarché qui coûte 100 euros fin 2020 coûte 101,60 euros un an plus tard. Les biens achetés sont devenus plus chers de 1,60 euros ou de 1,6 %. On fait donc également référence à l'inflation en parlant du taux d'inflation. Les économistes parlent alors d’une augmentation du niveau des prix dans une économie. Du point de vue des consommateurs, cela signifie une perte de pouvoir d'achat.

Il existe différentes façons de mesurer l'inflation. En plus des prix des denrées alimentaires, le calcul comprend généralement : les frais d'essence, le chauffage, les services (salons de coiffure, artisanat...) ou de nuitées d'hôtel. Les coûts de ces biens et services sont enregistrés dans l'indice des prix à la consommation (IPC), un instrument de mesure de l’inflation. Le taux d'inflation est la variation en pourcentage de cet indice des prix à la consommation sur une période donnée.

Les causes de l'inflation sont diverses. Il existe un consensus économique selon lequel l'inflation à court et moyen terme est généralement causée par une augmentation des coûts de production ou de la demande de certains biens. De même, les économistes s'accordent à dire qu'une croissance excessive de la masse monétaire entraîne l'inflation à long terme et que des taux d'inflation très élevés sont néfastes. C'est pourquoi de nombreux économistes sont favorables à des taux d'inflation plutôt bas, bien que constamment positifs. Cela se reflète dans les objectifs des banques centrales, qui ont généralement pour mission de maintenir la stabilité des prix, ce qui revient à maîtriser l'inflation. La Banque centrale européenne (BCE), par exemple, s'est fixée pour objectif de maintenir l'inflation à 2 %, avec une aversion égale pour les écarts en dessous et au-dessus de l'objectif. Elle tente d'y parvenir par le biais de sa politique monétaire. Les outils de la BCE comprennent l'ajustement du taux d'intérêt directeur et les programmes d'achat d'obligations.

Les autres termes souvent mentionnés en économie en rapport avec l'inflation sont les suivants :

  • Déflation : baisse du niveau général des prix (contraire de l'inflation).
  • Désinflation : ralentissement ou baisse du niveau général des prix (diminution du taux d’inflation).
  • Hyperinflation : une spirale inflationniste hors de contrôle (très forte inflation).
  • Stagflation : conjugue l'inflation, une faible croissance économique et un taux de chômage élevé (un scénario indésirable pour une économie).

2. Mesurer l’inflation

Le coût de la vie dépend des prix de nombreux biens et services. Pour mesurer le coût de la vie pour le consommateur moyen, les organisations gouvernementales (comme l'Office fédéral de la statistique) mènent des enquêtes auprès des ménages pour déterminer un panier d'articles fréquemment achetés et de services fréquemment utilisés. Ils suivent ensuite l’évolution du coût de ce panier dans le temps. Les coûts à un moment donné sont exprimés par rapport à une année de base et représentent l'indice des prix à la consommation (IPC). La variation en pourcentage de l'IPC sur une période donnée indique la hausse des prix à la consommation, qui est la mesure de l'inflation la plus couramment utilisée. Par exemple, si l'IPC de l'année de base est de 100 et l'IPC actuel de 110, l'inflation sur cette période est de 10 %. En général, l'IPC est calculé sur une base mensuelle. La période d'observation habituelle est d'un an, ce qui signifie que l'inflation peut souvent être interprétée comme le pourcentage d'inflation par rapport au même mois de l'année précédente.

L'inflation sous-jacente est également souvent mentionnée lorsqu'on aborde les sujets liés à l'inflation. Il s'agit d'une mesure de l'inflation qui exclut certains produits tels que les denrées alimentaires et l'énergie, dont les prix sont plus susceptibles de fluctuer et sont influencés par des facteurs saisonniers. Le prix du pétrole en particulier, en tant que facteur essentiel, a fortement influé sur les taux d'inflation. Par conséquent, en plus de l'inflation, le calcul ajusté de l'inflation sous-jacente doit également être pris en compte lors de l'évaluation d'une économie. C'est pourquoi les banques centrales accordent une attention particulière à l'inflation sous-jacente dans leurs efforts pour atteindre la stabilité des prix.

Le panier de l'indice des prix à la consommation reste généralement inchangé sur une longue période et n'est ajusté qu'occasionnellement pour refléter les changements dans les habitudes de consommation ou les nouvelles tendances. Par exemple, les dosettes et capsules de café ou les frais pour les services de streaming ont été ajoutés au panier il y a quelque temps afin de représenter les comportements actuels des consommateur·ices. La liste suivante présente les composantes et la pondération du panier de l'indice des prix à la consommation pour la France (en août 2022).

1.  Nourriture et boissons non alcoolisées

16,6 %

2.  Boissons alcoolisées et produits du tabac

4,5 %

3.  Vêtements et chaussures

4,0 %

4.  Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles

17,4 %

5.  Ameublement, équipement ménager et entretien courant de la maison

5,9 %

6.  Santé

4,5 %

7.  Transports

15,8 %

8.  Communication

3,0 %

9.  Loisirs et culture

8,0 %

10.  Éducation

0,4 %

11.  Restaurants et hôtels

7,4 %

12.  Autres biens et services

12,4 %

Source: https://www.ecb.europa.eu/stats/ecb_statistics/escb/html/table.en.html?id=JDF_ICP_COICOP_INW

3. Origine de l’inflation

En économie, il existe de nombreuses théories et modèles sur l'origine de l'inflation. En général, une distinction est faite entre une vision long terme et une vision court terme de l'inflation. Le consensus économique sur l'inflation à long terme est qu’elle est causée par une croissance excessive de la masse monétaire. Cependant, à court et moyen terme, cependant, l'inflation est principalement causée par l’évolution de l'offre et de la demande.

L'inflation par l'offre, également appelée inflation par les coûts, se produit lorsque les coûts de production augmentent en raison de la hausse des salaires, de l'énergie ou des matières premières, alors que la demande reste stable. Pour ne pas faire faillite, les entreprises de production doivent répercuter l'augmentation des coûts de production sur les consommateurs finaux, ce qui entraîne une hausse des prix ou une inflation.

L'inflation par la demande se produit lorsque la demande de biens augmente si rapidement que les fournisseurs ne peuvent pas y répondre en augmentant leurs quantités d'approvisionnement. Selon les lois du marché, cela conduit à une augmentation des prix et donc à l'inflation. Ce type d'inflation se produit généralement en période de croissance économique saine.

4. Quel est le lien entre inflation et investissement ?

Lorsque l'on investit, il est important de comprendre la relation entre les taux de rendements nominaux et réels. Le taux de rendement réel est calculé à partir du taux de rendement nominal moins le taux d'inflation. Par exemple, si j'achète une action à 100 euros au début de l'année et que je la revends à 102 euros à la fin de l'année, j'ai réalisé un bénéfice de deux euros - le taux de rendement nominal est donc de 2 %. Toutefois, si l'inflation avait été de 3 % cette année, le taux de rendement réel aurait été négatif (- 1 %) et j'aurais donc perdu du pouvoir d'achat. L'investissement a ralenti la perte de pouvoir d'achat, mais il n'a pas pu la compenser. J'aurais donc subi une perte de richesse. Cet exemple montre que le taux de rendement réel, c'est-à-dire le rendement corrigé de l'inflation, doit toujours être pris en compte pour les investissements. Cette prise en compte du taux de rendement réel s’explique par le fait que le pouvoir d'achat gagné est le critère le plus pertinent pour un investisseur.

La situation est exactement inverse si je suis débiteur et que je rembourse un prêt pour une maison, par exemple. La valeur nominale du prêt (c'est-à-dire le montant d'argent emprunté) est constante, tandis que le niveau des prix augmente. Par conséquent, le montant du prêt perd de sa valeur proportionnellement au fil du temps, alors que les revenus tirés de la location, par exemple, peuvent potentiellement être adaptés à l'inflation.

5. Protégez-vous contre l'inflation !

En principe, il existe plusieurs façons de se protéger contre l'inflation. Les actifs tangibles tels que les biens immobiliers ou les métaux précieux (notamment l'or) sont généralement considérés comme à l'abri de l'inflation. Les matières premières, les obligations indexées sur l'inflation, mais aussi les actions sont d'autres options d'investissement. Il est important de noter que toutes les classes d'actifs ne protègent pas de la même manière lors de chaque phase inflationniste. Par exemple, les actions peuvent générer des rendements à court terme plus faibles lors de phases inflationnistes si les entreprises ne peuvent pas répercuter entièrement la hausse de leurs prix d'achat sur les consommateur·ices. Toutefois, il est historiquement démontré qu'un portefeuille d'actions largement diversifié peut offrir un rendement attendu positif à long terme, même après déduction du taux d'inflation.

Contrairement aux matières premières et à l'immobilier, les obligations indexées sur l'inflation constituent une classe d'actifs moins volatile pour se protéger contre le risque d'inflation. Avec ce type d'obligation, la valeur nominale et les paiements de coupon sont liés à un indice des prix à la consommation et ajustés en fonction de l'inflation. Si le taux d'inflation augmente, le prix d'une obligation indexées sur l'inflation augmente également. Le coupon d'une obligation indexée sur l'inflation est également appelé le coupon réel, et le rendement est appelé le rendement réel. Le revenu d'une telle obligation ne perd donc pas de son pouvoir d'achat en raison de l'inflation.

Les ETF offrent un moyen simple d'investir dans des actions, des matières premières et des obligations (indexée sur l'inflation) de manière groupée et diversifiée au niveau mondial.


Author-Stefan-Wennemar

Stefan Wennemar, CFA

Stefan est gestionnaire de portefeuille senior au sein de l'équipe Wealth Management. Il est spécialisé dans la gestion de portefeuille, l'analyse de données et la recherche sur les marchés financiers. Il est titulaire d'une licence en économie et administration des affaires de l'université Goethe de Francfort et d'un master en finance de la Stockholm School of Economics.