Comme à l'accoutumée, le célèbre investisseur Warren Buffet (photo) a convié ce printemps ses actionnaires au Berkshire Day, l'assemblée générale annuelle de sa holding Berkshire Hathaway à Omaha, dans le Nebraska. Plus de 35 000 actionnaires ont participé à cette réunion, qui a été pour la première fois retransmise en direct dans le monde entier. La plupart espéraient avoir un aperçu de l'activité du Berkshire. Le Berkshire Day est également une occasion d’écouter la philosophie de Warren Buffet en matière d'investissement, qu’il aime partager lors de l'assemblée générale annuelle. Cette fois-ci, il a recommandé de se tenir à l'écart des conseillers en investissement. Il est également connu pour la citation suivante : « Le risque vient du fait que l'on ne sait pas ce que l'on fait. »
Les investisseurs se remémorent souvent les principes de Warren Buffet lorsqu'ils prennent des décisions d'investissement. Mais Buffett n'est pas le seul à expliquer avec des citations marquantes le fonctionnement des bourses et des courtiers. Des investisseurs professionnels comme Peter Lynch ou Benjamin Graham, et des universitaires comme Daniel Kahneman ou Eugene Fama se sont également penchés sur les rouages complexes des marchés financiers et ont transmis leurs connaissances. Voici les 10 grands maîtres de la bourse et leurs enseignements les plus importants expliqués dans cet article.
Eugene Fama a tout juste 20 ans lorsqu'il étudie les langues romanes à l'université Tufts de Boston. Mais parcourir les textes de Voltaire l'ennuyait. Heureusement pour nous tous, Eugene Fama a alors décidé de se reconvertir dans l'économie. En 2013, à l'âge de 74 ans, il a reçu le prix Nobel d'économie pour un article qu'il avait déjà présenté dans les années 1970. Fama a élaboré « l'hypothèse du marché efficient », l'une des théories les plus importantes dans le domaine de la recherche sur les marchés financiers. Cette théorie affirme que toutes les informations pertinentes sont déjà contenues dans les prix du marché boursier. Autrement dit, le prix actuel est toujours la meilleure estimation de la valeur réelle d'une action. Fama a ainsi introduit l'idée de l'intelligence collective dans l'économie financière.
Dans le monde des marchés qu'il décrit, il est inutile de chercher des actions prometteuses. Personne n’est en mesure de soutirer davantage des informations issues des bilans des entreprises et de la vérification des valorisations, car toutes les données nécessaires et les perspectives d’évolution sont déjà reflétées par les prix. Les stock-pickers, c'est-à-dire les professionnels de la finance qui tentent de battre le marché en sélectionnant les meilleures actions, sont donc comparés par Fama à des astrologues.
Je comparerais bien les cueilleurs de titres aux astrologues, mais je ne veux pas dire du mal des astrologues.
Eugene Fama
Il met également en garde contre les « propos irresponsables » (Fama) autour des bulles spéculatives. Selon lui, les bulles spéculatives ne peuvent pas se former sur des marchés efficients. Fama a même résilié son abonnement à The Economist en raison des publications d’articles sur les bulles spéculatives dans le magasine. Son idée du marché parfait fait largement débat, car les marchés ne sont certainement pas efficaces à 100 %. Cependant, ils sont souvent très efficaces, de sorte que les travaux de Fama contribuent grandement à la compréhension du marché boursier.
Daniel Kahneman a reçu le prix Nobel d'économie en 2002. Cependant, avant de s’intéresser à la bourse, ce professeur de psychologie de l'université de Princeton s'est d'abord focalisé sur la manière dont les gens prennent des décisions. Le résultat de ses études montre que les personnes utilisent leur intuition pour faire des jugements qui semblent évidents mais souvent erronés, afin de minimiser l'effort mental. Cette observation est démontrée avec l’exercice suivant :
Une batte et une balle coûtent 1,10 dollar.
La batte coûte un dollar de plus que la balle.
Quel est le coût de la balle ?
La réponse tentante mais erronée est 10 cents. En effet, la batte et la balle coûteraient ensemble 1,20 dollar. La bonne réponse est 5 cents. Plus de la moitié des étudiants interrogés dans les universités d'élite de Harvard, du MIT et de Princeton se sont trompés sur cette question. C'est comme s'il y avait deux systèmes en compétition dans chaque cerveau : l'un paresseux et l'autre assidu, et que le système paresseux prenait souvent le dessus. Lorsqu'il s'agit d'investir de l'argent, de telles erreurs d'appréciation peuvent avoir des conséquences désastreuses, tant pour les investisseurs professionnels que pour les particuliers.
Les fonds les plus performants au cours d'une année donnée sont tout simplement les plus chanceux. Ils ont bien lancé les dés.
Daniel Kahneman
Kahneman fait une critique tout particulièrement négative des professionnels. Dans d’autres résultats issus de ses études, il démontre que les professionnels ont également une « illusion de compétence ». Dans son livre « Les deux vitesses de la pensée », il décrit comment une société de gestion d'actifs pour des clients très fortunés lui a un jour fournit une liste des bénéfices annuels que 25 conseillers avaient réalisés sur une période de huit ans. Kahneman a voulu savoir si certains de ces conseillers étaient tout particulièrement doués. Il a donc calculé les corrélations entre les classements obtenus par ces professionnels au cours des différentes années. La corrélation était presque nulle. Les rendements obtenus ont fluctué de manière aléatoire. Sur cette période de huit ans, aucun conseiller ne s'est distingué par ses résultats.
Kahneman conclut qu’un tel résultat serait acceptable « dans un jeu de dés, mais non dans un jeu d'adresse ». Bien entendu, les conseillers en question ont ignoré les résultats publiés par Kahneman. C'est un comportement que le prix Nobel a également observé chez les gestionnaires de fonds. Pratiquement aucun d'entre eux ne parvient à battre le marché à long terme (voir également John Bogle ci dessous). Selon Kahneman, il est faux de croire que l'on peut battre le marché en sélectionnant des actions précises. Selon lui, il est donc évident que remplir un portefeuille avec des fonds gérés activement n’est pas avantageux.
Ne cherchez pas l'aiguille dans la botte de foin, achetez la botte de foin.
John Bogle
Il a fallu beaucoup de persévérance jusqu’à ce que les fonds indiciels connaissent le succès. Et c’est principalement à Bogle, qui est décédé en 2019 à l'âge de 89 ans, que revient le mérite de ce succès. Dans des interviews et des articles, il critique secteur de l'investissement qui, selon lui, se remplit les poches au lieu de faire fructifier l'argent de ses clients. Plus précisément, il a accusé les gestionnaires de fonds de facturer aux investisseurs des frais beaucoup trop élevés, sous le prétexte fallacieux de leur garantir en permanence les actions les plus prometteuses dans leurs portefeuilles. Bogle appelle cela de la « sorcellerie ».
De nombreuses études confirment le raisonnement de Bogle, qui en conclut qu'il ne sert à rien de chercher une aiguille (sous entendu une action) dans une botte de foin (l’indice), comme le font les gestionnaires de fonds actifs. Il est préférable d'acheter toute la botte de foin, ce que l'on appelle l'investissement passif. Depuis que Bogle a lancé ses fonds indiciels à bas prix, cette stratégie est également accessible aux investisseurs disposant de faibles montants.
La réussite de Warren Buffet a commencé par un faux pas. C'est du moins ainsi que l'investisseur vedette voit les choses. En 1965, il devient détenteur majoritaire de l'entreprise textile Berkshire Hathaway, mais les affaires ne sont pas florissantes. Malgré plusieurs tentatives pour remettre l'entreprise non rentable sur les rails, Buffett se voit contraint d’abandonner l'activité textile. Son investissement dans le Berkshire n'a toutefois pas été un échec, car Buffet avait déjà racheté plusieurs assureurs à l'époque. Berkshire devient ainsi une holding qui a déjà investi dans des dizaines de sociétés connues : de Coca-Cola à Goldman Sachs en passant par IBM. Et parce que Buffett, dont la fortune est estimée à 65 milliards de dollars, a augmenté la valeur de l'entreprise de plus de 20 % par an en moyenne pendant 51 ans, il est devenu l'investisseur le plus célèbre de tous les temps. Chaque année, des dizaines de milliers d'investisseurs se rendent en pèlerinage à l'assemblée générale annuelle du Berkshire à Omaha, dans l'État américain du Nebraska.
Ce n’est pas à un coiffeur que vous devez demander si vous avez besoin d'une coupe de cheveux.
Warren Buffett
Dans la lettre aux actionnaires du Berkshire, Buffett donne un aperçu de sa connaissance approfondie des marchés financiers - et des dictons percutants, comme celui sur les banquiers d'affaires et les coiffeurs (voir ci-dessus). Dans cette citation amusante, Buffett souligne le conflit d'intérêts dans lequel se trouvent les professionnels de la finance. Eux et leurs employeurs - les banques et les sociétés de courtage - font d’importants bénéfices lorsque les investisseurs modifient fréquemment leurs portefeuilles et effectuent de nouveaux investissements. En effet, ils perçoivent des frais pour chaque achat et chaque vente. Il est donc logique que les recommandations des conseillers rémunérés à la commission incitent constamment l'investisseur à modifier constamment son portefeuille.
En 1939, John Templeton, âgé de 27 ans, passe un ordre inhabituel à son courtier Fenner & Benne à New York : « Achetez-moi 100 dollars de toutes les actions américaines qui coûtent moins d'un dollar. » Normalement, l'opérateur aurait dû refuser l'instruction. Mais comme Templeton avait déjà travaillé comme apprenti chez Fenner & Benne, le courtier passe tout de même les ordres. Templeton a ainsi crée un portefeuille hétéroclite de 104 sociétés, dont beaucoup étaient au bord de la faillite. Cette stratégie d’investissement avait un objectif : parier que la majorité des entreprises se rétabliraient. 34 d'entre elles ont fait faillite. Cependant les autres entreprises ont remonté la pente et Templeton a pu quadrupler les 10 000 dollars qu'il avait investis en seulement quatre ans. Il a utilisé cet argent pour créer sa propre société d'investissement, qu'il a vendue au groupe Franklin en 1992.
Les seuls investisseurs qui peuvent se passer de diversifier leur portefeuille sont ceux qui ont raison dans 100% des cas.
John Templeton
Templeton est décédé en 2008, mais ses principes directeurs méritent toujours d'être lus. Son coup d'éclat avec les « penny stocks » - le nom donné aux actions coûtant moins d'un dollar - a fonctionné parce qu'il a suivi l'un de ses principes les plus importants : la diversification. Ce terme fait référence à la répartition de la somme investi sur plusieurs titres, de sorte que les gains suscités par un titre puissent compenser les pertes pour un autre. Si Templeton n'avait misé que sur une seule action, il y aurait eu une probabilité de 33 % qu'il perde la totalité de sa mise, ce qui représente un pari risqué. Mais grâce à sa stratégie de diversification, les gains réalisés sur les deux tiers des actions ont largement dépassé les pertes liées aux entreprises en faillite.
Bien entendu, la diversification dans 100 « penny stocks » comporte toujours de nombreux risques. C'est pourquoi les investisseurs doivent répartir leur argent entre différentes classes d'actifs telles que les actions, les obligations, l'immobilier et les matières premières, ainsi que se diversifier sur le plan régional. Cela est d'autant plus vrai que les marchés financiers sont aujourd'hui fortement interconnectés et que les actifs ont donc tendance à s'effondrer ensemble. Autrement dit, les corrélations augmentent souvent en période de crise, et les prix des titres chutent dans le même temps. Cela ne signifie pas pour autant que la diversification n’est plus efficace. Bien au contraire : toute personne qui construit aujourd'hui un portefeuille devrait diversifier davantage ses actifs. Ceci est possible à l'aide d'ETF par exemple, afin de bénéficier de l'effet positif de la compensation entre les pertes et les gains.
L'allocation d'actifs est le seul facteur que vous pouvez influencer pour vos investissements.
William Bernstein
Selon lui, les institutions financières de Wall Street prospèrent principalement aux dépens de l'investisseur ordinaire. « Vous êtes dans un combat à la vie et à la mort avec l'industrie financière », prévient-il. « Chaque dollar dépensé pour des frais provient directement de votre poche. » C'est pourquoi Bernstein estime qu’il est d'autant plus important de suivre quelques règles de base en matière d'investissement. L'accent doit être mis sur les faibles coûts et l'allocation d'actifs, c'est-à-dire la bonne répartition des actifs entre les différentes classes d'actifs. De tous les facteurs qui déterminent la performance d'un portefeuille, l'investisseur ne peut contrôler que la répartition des actifs. En effet, le « market timing » et le « stock picking » ne sont pas fructueux à long terme. Et tous les événements extérieurs - le prochain krach bancaire, la prochaine révolution technologique ou le taux de change du dollar américain - ne peuvent de toute façon pas être influencés par les individus.
Du caddy à la légende des fonds - tel pourrait être le titre qui résume le CV de Peter Lynch. En 1966, Lynch, qui a étudié l'histoire, la philosophie et la psychologie, rejoint la société de fonds Fidelity. Il a obtenu ce poste parce qu'il travaillait comme caddy sur un terrain de golf où il a rencontré D. George Sullivan, alors président de Fidelity. C'est ainsi que l'ascension de Lynch a commencé. En 1977, il prend en charge le fonds Magellan de Fidelity. Lorsqu'il quitte son poste de directeur 13 ans plus tard, Magellan était passé de 18 millions de dollars à 14 milliards de dollars. Au cours de cette période, Lynch a généré un rendement moyen de 29 % par an, soit environ 18 points de pourcentage de plus que le S&P 500 (dividendes compris). Reste à savoir si cela est dû à la chance, à son génie, ou un mélange des deux. Quoi qu'il en soit, cet homme de 72 ans est l'un des rares gestionnaires de fonds de l'histoire des marchés boursiers à avoir réussi à surpasser l'indice sur le long terme.
Votre réussite ou votre échec dépendra de votre capacité à ignorer les problèmes mondiaux suffisamment longtemps pour permettre à vos investissements de réussir.
Peter Lynch
Pour Lynch, la patience était l'une des clés les plus importantes de la réussite boursière. Sa déclaration selon laquelle il faut ignorer les soucis aux quatre coins du monde pour réussir en bourse (voir ci-dessus) semble plus pertinente que jamais à une époque où l'information est toujours à portée de clic. Qu'il s'agisse du Brexit, de la crise de l'euro ou du refroidissement de l'économie chinoise, ceux qui suivent les gros titres des médias ont toujours l'impression que l'effondrement économique est imminent. Seuls ceux qui restent fidèles à leur stratégie d'investissement au milieu de ce brouhaha d'informations peuvent réussir à long terme sur le marché boursier. Ceci est extrêmement difficile, car les individus ont tendance à agir lorsqu'ils se sentent en danger (ou lorsqu'ils voient leurs investissements menacés). Mais réagir émotionnellement aux événements des marchés financiers est contre-productif.
Le meilleur livre d'investissement jamais écrit ? Si vous posez la question à Warren Buffett, vous obtiendrez une réponse sans équivoque : « L'investisseur intelligent » de Benjamin Graham. Buffett aurait lu le livre pendant sa lune de miel. Et ce n'est pas tout : Buffett a également étudié avec Graham et a travaillé pendant deux ans dans sa société, la Graham Newman Corporation. Qui est l'homme qui a formé Buffett pour qu'il devienne l'investisseur le plus performant de tous les temps ?
Benjamin Graham, décédé en 1976 à l'âge de 82 ans, est considéré comme le précurseur de l'analyse des valeurs mobilières. Il a identifié des variables fondamentales telles que les dividendes, la liquidité, la croissance des revenus et la valeur comptable comme des critères d'évaluation importants. Aujourd'hui, ces variables sont immédiatement intégrées dans le prix des actions. Ce n'est pas une coïncidence si c'est Graham a introduit ces ratios dans l'analyse des marchés boursiers. En effet, il a accumulé des expériences pertinentes tout au long de sa vie d'investisseur. Il a commencé sa carrière à Wall Street en tant que « garçon de course » chez les courtiers Newburger, Henderson & Loeb. Pour quelques dollars par semaine, il écrit les prix des titres sur un tableau noir. En 1929, alors qu'il dirigeait déjà sa propre société d'investissement, il a connu le krach boursier puis la Grande Dépression. Il assiste à la ruine de nombreux investisseurs qui avaient parié aveuglément sur des actions. Il a lui-même failli faire faillite. Graham a donc voulu fonder l'investissement en actions sur une base quantitative.
L'essence de la gestion des investissements réside dans la gestion des risques, et non dans la gestion des rendements.
Benjamin Graham
Il était également très en avance sur son temps dans un autre domaine : la gestion des risques. Graham a reconnu très tôt que les investisseurs qui réussissent ne cherchent pas à maîtriser les rendements, mais les risques. Une idée toujours valable aujourd'hui, mais que pratiquement aucun gestionnaire de fonds n'a réussi à mettre en œuvre. Au contraire, les professionnels de la finance mettent généralement toujours le même schéma en application pour la gestion des risques. Lorsque le marché boursier se dégrade, le gestionnaire de portefeuille transfère quelques points de pourcentage des positions en actions vers des obligations. Une fois les prix remontés, il fait volte-face. Les professionnels de la gestion des risques doivent quantifier clairement le risque de perte et adapter la pondération des titres en conséquence. Pour ce faire, il est important de prendre en compte les résultats les plus récents des marchés boursiers. C'est la seule façon de maîtriser le risque des marchés financiers.
James O'Shaughnessy est également un pionnier dans l’élaboration des règles de base concernant l'investissement en actions. Il a analysé de grandes bases de données pour tester des dizaines de stratégies d'investissement, en remontant jusqu'à 1926. Ses résultats ont été publiés dans son livre « Ce qui marche à Wall Street », un ouvrage de 680 pages publié pour la première fois en 1997. Même si, contrairement à M. O'Shaughnessy, nous sommes convaincus qu'il est impossible de battre le marché en sélectionnant des actions en particulier (« stock picking »), le gestionnaire d'actifs américain a réalisé une avancée importante en mettant l'investissement quantitatif à la portée d'un large éventail d'investisseurs. O'Shaughnessy a analysé d'énormes bases de données telles que Compustat et CRSP (Centre de recherche sur les prix des titres) et investit toujours avec une approche strictement basée sur des règles, c'est-à-dire selon un algorithme afin d'éliminer les décisions instinctives et émotionnelles.
Les algorithmes ne sont jamais de mauvaise humeur, ne se disputent jamais avec leur partenaire, n'ont jamais la gueule de bois après une soirée en ville et ne s'ennuient jamais.
James O'Shaughnessy
Pour les humains, c'est en revanche presque impossible. Ceux qui sont exposés au flot quotidien de nouvelles et aux émotions qui en découlent, jettent généralement leur stratégie d'investissement par la fenêtre. C'est pourquoi M. O'Shaughnessy s'appuie sur les ordinateurs car ils n'ont « pas d'états d'âme ». Aujourd'hui, les ordinateurs peuvent apporter une contribution beaucoup plus importante à la réussite des investissements. Par exemple, les simulations de Monte Carlo peuvent être utilisées pour examiner des dizaines de milliers de scénarios de performance future d'un portefeuille en très peu de temps et en déduire des prévisions de risque précises. Ces méthodes peuvent être utilisées pour contrôler le risque d'un portefeuille, ce qui protège les investisseurs contre les fortes baisses de prix qui sont émotionnellement difficiles à supporter.
« J'ai voyagé seul si souvent et si longtemps que cela ne me dérange plus du tout », a dit un jour Benoît Mandelbrot. Il n'y a sans doute pas de meilleure façon de résumer la vie du professeur de mathématiques décédé en 2010. Il a travaillé dans de nombreux domaines scientifiques : la physique théorique, la météorologie, l'aéronautique et la neurologie, pour n'en citer que quelques-uns - et bien évidemment la finance. Mandelbrot a toujours pris ses distances avec le courant dominant, s'opposant souvent au consensus scientifique établi. Selon les personnes interrogées, il est tantôt considéré comme un auto-promoteur, un anti-conformiste ou un génie universel.
Les financiers et les investisseurs du monde entier sont, en ce moment, comme des marins qui ne tiennent pas compte des alertes météorologiques.
Benoît Mandelbrot
Mandelbrot a mené une bataille particulièrement féroce dans l'industrie financière. Il a accusé cette industrie d'adopter des théories scientifiques manifestement fausses dans leurs modèles. Sa critique était surtout dirigée contre l'hypothèse de la distribution normale. Il stipule que les sauts de prix quotidiens sur le marché boursier suivent le modèle de la distribution normale gaussienne. L’adjectif « normal » dans cette distribution fait référencé au fait qu'il n'y a presque jamais d'augmentation ou de baisse importante des prix. Selon cette hypothèse, l'indice du Dow Jones ne devrait chuter de plus de 5 % qu'un seul jour tous les 3 500 ans. Cependant, de telles chutes de prix se produisent en moyenne tous les 20 mois. Le marché boursier est donc beaucoup plus rude que ne le laisse supposer la distribution
normale.
Mandelbrot l'a souligné pour la première fois il y a environ 50 ans. Néanmoins, ce fait est encore ignoré par la majorité des gestionnaires de fonds aujourd'hui. Dans leurs modèles de risque, ils supposent toujours un marché boursier « mou » car cette supposition simplifie le calcul. Mandelbrot a donc comparé les professionnels de la finance à des marins qui construisent leurs navires comme s'il n'y avait pas de grosses tempêtes. Les personnes qui confient leur argent à un gestionnaire d'actifs doivent en tout état de cause s'assurer que leur modèle de risque est à jour en tenant compte des dernières recherches en matière de finance.
Tout individu qui possède des actifs réfléchit à la manière de les investir. Qu'ils le gèrent eux-mêmes, qu'ils le confient à leur banque ou qu'ils utilisent l'un des nouveaux gestionnaires en ligne. Au moment de prendre une décision, il peut être utile de se rappeler les principes des ces 10 grands maîtres. Il est important de vous interroger sur votre stabilité émotionnelle lors des transactions boursières, et de prendre du recul sur les conseillers financiers rémunérés à la commission qui prétendent savoir quelles actions et quels marchés seront les plus rémunérateurs. Une chose est sûre : on ne peut pas prédire les cours de la bourse. Le célèbre physicien Isaac Newton s'en doutait déjà. En 1720, il pari dans des actions de la Compagnie des mers du Sud, l'une des plus grandes bulles spéculatives de l'histoire et perd 20 000 livres. Sa conclusion : « Je sais calculer le mouvement des corps pesants, mais pas la folie des foules. »
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